Quelques repères

Le début de l’histoire

Une légende transmise de générations en générations affirme ceci : En labourant un champ, un paysan mis à jour une statue de la Vierge. Les villageois d’Alan décidèrent que cette statue devait être installée en l’église d’Alan. On prépara un char tiré par des bœufs. Or, en cours de trajet, les animaux refusent soudain de poursuivre et, avec obstination, d’avancer, manifestant leur intention de revenir vers le lieu de la trouvaille. La commune achète le terrain pour y construire une Montjoie (niche en pierres) pour protéger la statue. Ce monument devint l’objet de pèlerinages et les offrandes laissées par les pèlerins permirent de construire, vers 1140, une chapelle dite de « piété » pour accueillir la statue et les nombreux pèlerins qui venaient prier. 

Elle fut plus tard appelée Notre-Dame de Lorette – comme plus de 200 chapelles en France, en référence à la ‘Santa Casa’ maison de Nazareth dans laquelle la Vierge reçue l’Annonciation et qui fut démontée puis reconstruite à la fin du XIII ème siècle à Loretto, ville du centre de l’Italie, pour devenir un lieu de pèlerinage.


La construction de l’hôpital

“L’Évêque Gabriel-Olivier de Lubière de Louchet, particulièrement préoccupé par le manque d’assistance médicale des pauvres de son diocèse, souhaite créer à Alan un Hôpital pour les accueillir. Les consuls d’Alan – élus par les villageois pour gérer les affaires de la commune, en charge de l’entretien de la chapelle de Notre-Dame de Lorette cèdent cette dernière et ses dépendances – prés, vignes, champs et un jardin. L’Évêque fournit les ressources nécessaires pour la construction de l’hôpital sur ses propres deniers et lui assura des rentes. Deux frères de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Dieu furent engagés par contrat, stipulant notamment « lesdits religieux seront tenus d’y recevoir les pauvres malades du sexe masculin, non attaqués de maladies incurables, contagieuses ni vénériennes ». (Source : Thèse du docteur … 1920)

Elle fut plus tard appelée Notre-Dame de Lorette – comme plus de 200 chapelles en France, en référence à la ‘Santa Casa’ maison de Nazareth dans laquelle la Vierge reçue l’Annonciation et qui fut démontée puis reconstruite à la fin du XIII ème siècle à Loretto, ville du centre de l’Italie, pour devenir un lieu de pèlerinage.


Les frères hospitaliers Saint Jean de Dieu

Originaire de Grenade en Espagne, Jean de Dieu (1495-1550) consacre sa vie à l’accueil et au soin des malades, après avoir été lui-même interné et malmené en hôpital psychiatrique. Il crée pour la première fois dans l’histoire de la médecine des unités hospitalières en fonction des pathologies. Mais c’est aussi la dimension sociale de l’hospitalité qui caractérise son engagement, puis inspire l’ordre religieux des frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu. Il va lui-même chercher dans les rues de Grenade les sans logis trop misérables pour être accueillis dans les autres hôpitaux. On l’appelle « le pauvre des pauvres » L’ordre de Saint Jean de Dieu se développe d’abord en Espagne et en Italie où il compte 236 hôpitaux en 1650, puis essaime un peu partout dans le monde. En France à la veille de la révolution, il compte 27 asiles et hôpitaux dont Notre-Dame de Lorette à Alan, et 40 établissements de soins. 

Souvent chirurgiens, accordant une large place aux soins par les plantes et aux bienfaits de la musique dans le processus de guérison, leur qualification plutôt exceptionnelle au XVIIIè siècle, est reconnue et respectée au-delà du cercle médical. Voltaire leur a même épargné ses sarcasmes moqueurs en les qualifiant de « seuls moines utiles ».


Le fonctionnement de l’hôpital

Les frères hospitaliers étaient tenus d’avoir « une bonne apothicairerie de laquelle ils fourniront aux pauvres malades les remèdes nécessaires ». Cinq religieux, « dont l’un était prieur, un autre infirmier, un autre apothicaire, un autre dépensier et presque tous chirurgiens », assistés de cinq domestiques avaient en charge 20 lits « d’hommes ». Ils devaient également traiter les malades de la campagne environnante dans un rayon de 2 lieus ( 10 kilomètres) et devaient fournir gratuitement du bouillon et des médicaments aux pauvres dont la maladie était si grave qu’on ne pouvait les transporter à l’hôpital. Les mendiants vagabonds viennent y chercher des repas qui leur sont distribués au travers d’une trappe du portail d’entrée. Les convalescents sont embauchés aux travaux de la ferme pour payer leur séjour de soins en même temps que pour parfaire leur guérison. Le « secteur » s’étend sur 40 communes. Ce ne sera qu’en 1791 que la communauté d’Alan, alors en charge de l’administration, créera une salle pour accueillir les femmes malades.

Deux rangées de lits alignés sur les côtés d’une grande salle commune, une large porte communiquant avec la chapelle : C’est la configuration traditionnelle des hôpitaux de l’époque, telle qu’elle existe aux hospices de Beaune, à l’Hôtel-dieu de Toulouse ou dans nombre d’autres hôpitaux. On ouvre grand la porte, cela permet aux malades d’assister à la messe de leur lit lorsqu’ils ne peuvent pas se lever. A chaque lit est affecté un bassin à cracher, une tasse, une cuillère, une écuelle, un petit plat, le tout en étain.


Une possibilité d’action dépendante des ressources

En 1810, face à l’augmentation du prix des denrées essentielles, les administrateurs décident de baisser les salaires des soignants, qu’il ne sera plus reçu de femmes malades et que le nombre de malades accueilli sera limité à 8. L’hôpital prend aussi en charge 10 orphelins jusqu’à leur 12 ans.

En 1816, Une grande disette sévit dans la région, la population de la localité est alors très dense et disproportionnée avec les ressources du pays,

« Considérant que dans aucun temps la misère publique n’avait été portée à un aussi haut point, que l’intempérie de la saison, que le manque de travail, que la cherté des denrées de première nécessité et surtout la certitude de voir la récolte prochaine se retarder extraordinairement, que toutes ces calamités réunies menacent les indigents de cette commune qui sont en grand nombre » il est décidé de distribuer 600 Francs de pain aux pauvres.